Repressive Secularism / La laïcité répressive
A first person article from a Muslim Quebecer. / Un article à la première personne d'une Québécoise musulmane
“The proliferation of street prayer is a serious and sensitive issue,' Jean-François Roberge said.
For the past year, various communities from across the province had to endure being the political safety net of the CAQ government. Amidst the countless social and economic crises we are facing from the housing crisis to food insecurity, from crumbling educational institutions to worker shortages, the government has consistently prioritized its battle against “Islamists” and Allophones on its agenda.
Now, facing allegations of budget mishandling and corruption, the CAQ decided to redirect everyone’s attention to the scary Muslims committing what is clearly a heinous crime.
Praying in public.
Many ask: why would Muslims pray in public at all? In Islam, there are five mandatory prayers to fulfill during specific times of the day. This rarely takes more than 5 minutes, and it serves as an anchor for Muslims worldwide to help maintain a spiritual connection to Allah during worldly hardships. In Muslim-majority countries, there are countless mosques and dedicated prayer areas in schools, malls, hospitals, and other spaces to accommodate this religious obligation. In Quebec, the areas are more sparse and scarce. As such, you may have come across Muslims praying under school stairwells, in a corner near a metro station, or even in parks during protests.
Religion and culture are very distinct components of one’s identity, and integration to a culture is people’s willingness to engage and participate in the culture. As a Canadian citizen, and a proud Québecoise, I am perfectly trilingual. I completed my secondary and Cégep studies in French. I engage in public discourse, I work as a tutor, I have friends born and raised here. So do the vast majority of immigrants. My religion has never been an obstacle to my integration.
How can integration occur despite refusing to drink or party? While refusing to shake hands with the opposite gender? While having women cover their hair or refusing to take part in many other Quebecer traditions and customs? It is not a barrier to integration, instead it is a reinforcement of one of Québec’s primordial values– liberty.
To have the choice to participate– or not– has been one of Québec’s greatest qualities. As long as mutual respect of one’s faiths and choices are maintained, this liberty is and should remain celebrated for each one of us.
Imagine if we pressured white women to dress in a certain way? Or for women to have physical contact with someone they’re not comfortable with? With the defacto hijab ban in public service, it’s clearly targeting people who are muslim (and sikh), but even more specifically who are women and muslim.
In a crisis of worker shortage, especially in education, you exclude an immense population of teachers by disallowing the hijab in public service. The hijab– which is part of a religious dresscode– is not limited to the headcovering: it is a Muslim woman's way of expressing herself both artistically and spiritually.
When you worry about the integration of immigrants, is it truly the best idea to ban any outlet of their values and beliefs in public, thus excluding them from many possibilities to socialize with the dominant culture and forcing them to further close themselves off from the rest of society? To ban the hijab is to silence Muslim women and remove their right to be seen and heard in public. To ban prayer is to remove their right to exist in the province.
Why are Good Friday parades secular enough to be tolerated, but a few minutes of Muslims praying outside deemed proselytic and dangerous? Why does no one bat an eye when our premier attends the reopening of the Notre Dame Cathedral in Paris, and yet it’s reprehensible for Muslim Quebecers to pray? White Christian is not the generic, default setting of a human being that we then customize and color to our liking, so why do we rip away the identity of these populations and remove their unique identifiers in order to pretend we aren’t simply oppressing immigrants??
Does secularism have to be repressive to ensure equality?
In an echo chamber, we will never hear the answer to these questions. Communities on all sides are feeling scared and resentful.
I dream of the day where we can truly have an open dialogue, to answer these questions together through a unifying goal: creating a safe, prosperous, and unified Quebec for all. But that will never happen until we show Legault and his cabinet, or any future politicians, that we are onto their game of divide and conquer, and hold them accountable for the insecurity they caused with their incompetence and ego.
« La multiplication des prières de rue est un enjeu sérieux et sensible au Québec, » disait Jean-François Roberge.
Pendant une année entière, dans tous les coins de la province, de nombreuses communautés ont servi de bouclier politique au gouvernement de la CAQ. Alors que le pays fait face à une myriade de crises sociales et économiques, comme la crise du logement, l’insécurité alimentaire, la détérioration des écoles et la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement a constamment privilégié la lutte contre les « islamistes » et les personnes allophones dans son agenda.
En ce moment, alors qu’il fait face à des allégations de détournement de fonds et de corruption, le parti dévie l’attention en ciblant ces personnes musulmanes effrayantes, qui semblent avoir commis un acte odieux :
Prier en public.
Beaucoup se demandent: « pourquoi les musulman-es prient en public? » Dans l’islam, cinq prières quotidiennes sont obligatoires à des heures spécifiques. Elles ne durent généralement pas plus de cinq minutes et offrent un moment de réconfort spirituel face aux défis du monde. Dans les pays à population majoritairement musulmane, on trouve des mosquées et des espaces de prière dans les écoles, les centres commerciaux, les hôpitaux et d’autres lieux publics. Au Québec, les endroits pour prier sont peu nombreux. Par conséquent, on peut voir des musulman-es qui prient dans des cages d’escaliers d’écoles, à l’écart d’une station de métro ou même dans un parc lors d’une manifestation.
La religion et la culture sont deux dimensions distinctes de l’identité. S’intégrer à une culture, c’est choisir d’y participer. Je suis citoyenne canadienne et fière Québécoise, et je suis parfaitement trilingue. J’ai fait mes études secondaires et mon cégep en français. Je participe au débat public, je travaille comme tutrice, j’ai des ami-es qui sont nés ici — comme la vaste majorité des immigrants. Mon appartenance religieuse n’a jamais entravé mon processus d’intégration.
Comment l’intégration serait-elle possible si l’on refuse de boire ou de faire la fête ? De serrer la main de l’autre sexe ? Si des femmes choisissent de couvrir leurs cheveux ou de s’abstenir de certaines traditions québécoises ? Cela n’est pas un obstacle ; en réalité, c’est l’expression d’une valeur profondément ancrée au Québec : la liberté.
Le pouvoir de décider de sa propre participation, ou non, constitue l’un des plus précieux privilèges de la société québécoise. C’est un atout considérable, à condition que le respect mutuel prévale. Nous devons donc tous célébrer cette liberté.
Est-il concevable d’imposer aux femmes blanches une manière spécifique de s’habiller, ou de les contraindre à une forme de contact physique qui les met mal à l’aise ? Avec (effectivement) l’interdiction du hijab dans la fonction publique, l’objectif est manifestement de cibler les personnes musulmanes (et les sikhs), et encore plus précisément, les femmes musulmanes.
En pleine pénurie de personnel, surtout dans le domaine de l’éducation, on exclut un vaste bassin de potentielles enseignantes en interdisant le port du hijab. Ce vêtement, qui fait partie d’un code vestimentaire religieux, est à la fois une forme d’art et une manifestation spirituelle pour la femme musulmane.
Est-il vraiment judicieux de bannir toute manifestation de leurs valeurs et croyances dans l’espace public lorsqu’on se préoccupe de l’intégration des personnes immigrantes ? Cela les prive d’occasions de côtoyer la culture dominante et les pousse à se refermer. Interdire le hijab revient à museler les femmes musulmanes et à leur retirer leur droit d’exister dans la société. Interdire la prière, c’est leur nier le droit d’exister en cette province.
Pourquoi les défilés du Vendredi saint sont-ils considérés comme suffisamment « laïcs » pour être tolérés, tandis que quelques minutes de prière musulmane en plein air sont perçues comme du prosélytisme dangereux ? Pourquoi personne ne s’offusque-t-il lorsque notre premier ministre assiste à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, alors qu’il est répréhensible pour des Québécois-es musulman-es de prier ? L’identité « chrétienne blanche » n’est pas un réglage par défaut qu’on peut colorer à notre guise. Pourquoi enlever à certaines populations leurs marqueurs identitaires pour ensuite prétendre qu’on ne les opprime pas ?
La laïcité doit-elle être répressive pour garantir l’égalité ?
Dans une chambre d’écho, ces questions resteront sans réponse. Des deux côtés, les communautés sont envahies par la crainte et l’animosité.
J’aspire au jour où nous pourrons enfin entamer un vrai dialogue pour résoudre ces questions et construire ensemble un Québec sûr, prospère et uni pour tous. Cependant, ce rêve ne deviendra réalité que si nous dévoilons aux membres de son cabinet, à Legault lui-même et à tout politicien futur que nous percevons leur tentative de diviser les gens et que nous les tenons pour responsables de l’insécurité qu’ils répandent en raison de leur incompétence et de leur ego.