Punk Is Uniting Divided Generations/Le punk unit des générations fragmentées
At Pouzza Fest, a local springtime festival, a huge range of people come together from all around the country to show what unity means, and how it can be achieved.
Au Pouzza Fest, un festival local de printemps, un large éventail de personnes se réunissent de tout le pays pour montrer ce que signifie l'unité et comment elle peut être réalisée.
Le français suit ci-dessous
Solids Play at Foufounes Photo by Isaac Peltz
At Pouzza Fest, Punk Unites Fragmented Generations
Every spring, hundreds of punks converge on Montreal to attend Pouzza Fest, a springtime festival in Quebec. For its thirteenth edition, the event once again was wild, fun, passionate, and full of a bunch of unknowns that even the concert attendees didn’t know.
Despite the absence of mainstream headliners, downtown venues hosted emerging artists and fans from across the country for three days. “Punk fans will show up, even if they don’t know the bands,” said Guilhem Bénard, co-founder of Pouzza.
On stage at Club Soda, the singer from the Toronto band The OBGMs addressed the crowd with a message: “I go to therapy every week, and I encourage you all to do the same,” he declared, before launching into a high-energy song. Seconds later, a chaotic mosh pit broke out in front of the stage — shoulder slams, shouting, bodies crashing into each other. A classic scene in the punk (or metal, or any aggressive genre) world, where physical intensity becomes a form of catharsis.
Lead singer of the OBGMs Photo By Isaac Peltz
But beyond the exuberance of the mosh pit, it was the makeup of the crowd that stood out. Queer people, women, people of colour, both young and old — a diversity far removed from the more homogeneous punk scene of two decades ago.
“In 2005, it was just white guys,” says Hugo Mudie, also a co-founder of Pouzza Fest. He noted how the crowd has changed even in the past ten years, and how bands have become more open and accepting. Overcome with emotion, he ended the interview, embarrassed that he started crying during an interview. For him, this shift reflects a deeper transformation within alternative music scenes: more inclusive, more compassionate, more political. The two co-founders noted that punk won’t systematically change politics, but the most significant change comes from how it welcomes people into a community without holding anything back.
Cofounders of Pouzza pose for the camera. Left, Hugo Mudie, Right Guilhem Bénard
A Culture Against the Grain
This diversity starkly contrasts with the growing political and social divisions seen elsewhere in the country. As public discourse becomes more polarized and identity-based tensions rise, Pouzza Fest offers a rare space for unity — a cultural microcosm where art brings people together instead of pushing them apart.
Yet organizing such gatherings is increasingly difficult. Cuts to arts funding — notably the $25 million recently slashed by the CAQ government — threaten the survival of festivals like Pouzza, which already operate on limited budgets. Experts argue that an additional $200 million is needed just to stabilize Quebec’s cultural sector.
Meanwhile, artists’ living conditions continue to worsen. It’s now common for musicians to juggle full-time jobs, maintain a presence on social media, produce online content, and pursue their artistic careers all at once — a reality that forces many to give up.
This cultural decline raises broader questions. What still unites Quebecers — and Canadians — today? The French language remains a core part of Quebec identity, but is it enough on its own to support a desire for sovereignty? According to some polls, support for separation has dropped to historic lows, hovering around 30%.
In a context where even Alberta is discussing separation, Bloc Québécois leader Yves-François Blanchet recently remarked: “To separate, you need a culture of your own — and I’m not sure oil and gas qualify.” The message is clear: a national identity can’t be reduced to an industry.
In this climate of political and cultural atomization, events like Pouzza Fest remind us that culture has always been a force for cohesion. Marginal, loud, and chaotic; punk still has the power to bring people together.
And perhaps it’s here, in the heart of an underground festival in Montreal, that we’ll find the seeds of a cultural and collective renewal.
À Pouzza Fest, le punk unit des générations fragmentées
Chaque printemps, des centaines de passionné.es de musique punk convergent vers Montréal pour participer à Pouzza Fest, un festival bien établi dans le paysage culturel québécois. Pour sa treizième édition, l’événement a été une fois de plus intense, amusant, passionné et rempli d’un tas d’inconnues que même les spectateurs du concert ne connaissaient pas.
Malgré l’absence de têtes d’affiche grand public, les salles du centre-ville ont accueilli pendant trois jours des artistes émergents et des spectateurs venus des quatre coins du pays. « Les fans de punk seront là, même s’ils ne connaissent pas les groupes », dit Guilhem Bénard, cofondateur du festival Pouzza.
Sur scène, au Club Soda, le chanteur du groupe torontois The OBGMs s’est adressé au public pour partager ses états d’âme . « Je vais en thérapie chaque semaine, et je vous encourage à en faire autant », a-t-il lancé, avant de plonger dans un morceau énergique. Quelques secondes plus tard, une mêlée chaotique s’est déclenchée devant la scène : coups d’épaules, cris, corps qui se projettent les uns contre les autres. Une scène typique dans l’univers punk, où la brutalité physique devient une forme de catharsis.
Mais au-delà de l’exubérance du mosh pit, c’est la composition du public qui attirait l’attention. Des personnes queer, des femmes, des personnes racisées, jeunes et moins jeunes — une diversité bien éloignée du portrait homogène de la scène punk d’il y a deux décennies.
« En 2005, il n’y avait que des hommes blancs », affirme Hugo Mudie, cofondateur de Pouzza Fest. Il continue en remarquant à quel point la population a changé depuis dix ans, comment les groupes sont maintenant plus ouverts et inclusifs. Ému, il a mis fin à l'entrevue, timide pour avoir pleuré. Pour lui, cette évolution témoigne d’un changement profond des scènes musicales alternatives : plus inclusives, plus bienveillantes, plus politiques. Les deux cofondateurs ont commenté le fait que la scène punk ne changera pas la politique de manière systématique, mais que le plus grand changement vient de la façon dont elle accueille les gens dans une communauté sans rien attendre en retour.
Une culture à contre-courant
Cette diversité contraste fortement avec la montée des divisions politiques et sociales observée ailleurs au pays. Alors que le discours public se polarise et que les revendications identitaires se crispent, Pouzza Fest offre un rare espace de cohésion. Un microcosme culturel où l’art rassemble au lieu de séparer.
Or, ce type de rassemblement devient de plus en plus difficile à organiser. Les coupes dans le financement des arts — notamment les plus de 25 millions de dollars retranchés récemment par le gouvernement de la CAQ — mettent en péril des festivals comme Pouzza, qui reposent déjà sur des moyens limités. Selon des experts, il faudrait plutôt investir 200 millions de dollars supplémentaires pour stabiliser le secteur culturel québécois.
Pendant ce temps, les conditions de vie des artistes se détériorent. Il est désormais courant pour les musiciens de devoir cumuler un emploi à temps plein, maintenir une présence sur les réseaux sociaux, produire du contenu en ligne, tout en poursuivant une carrière artistique. Une réalité qui en pousse plusieurs à abandonner.
La culture, fondement identitaire
Ce recul soulève des questions plus larges. Qu’est-ce qui unit encore les Québécois.es — et les Canadien.nes — aujourd’hui ? La langue française reste une composante centrale de l’identité québécoise, mais suffit-elle à elle seule à soutenir une volonté de souveraineté ? Selon les sondages, l’appui à la séparation atteint autour de 30 %.
Dans un contexte où l’Alberta évoque elle aussi la séparation, le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, a récemment déclaré qu’il faut, pour atteindre la souveraineté, « une culture propre pour se séparer, et je ne suis pas certain que le pétrole et le gaz soient admissibles. » Le message est clair : une identité nationale ne peut pas se résumer à une industrie.
Dans ce climat d’atomisation politique et culturelle, des événements comme Pouzza Fest rappellent que la culture a toujours été un vecteur de cohésion. Marginal, bruyant, chaotique; le punk peut encore rassembler.
Et c’est peut-être là, au cœur d’un festival underground de Montréal, que se trouvent les germes d’un renouveau culturel et collectif.