La crise de l'unité nationale au Canada/Canada's National Unity Crisis
Par Isaac Peltz & Gabrielle Brassard-Lecours
English version follows below.
Le Canada fait face à une crise profonde.
Notre pays, traditionnellement reconnu pour sa modération et sa capacité à maintenir l’unité malgré ses différences, on se retrouve désormais dangereusement divisé. Ce phénomène, exacerbé par les manifestations des convois de 2022 à Ottawa, a transformé notre climat politique en une polarisation préoccupante, rappelant de façon inquiétante la culture partisane des États-Unis.
Cette dérive vers l’intolérance politique devient alarmante lorsqu’elle se traduit par des incidents récents. Le scandale impliquant un candidat libéral, ayant évoqué publiquement une « prime » de la Chine contre un adversaire conservateur, s’ajoute à une escalade encore plus troublante : ce matin, le 1er avril, CTV a diffusé l’enregistrement choquant d’un candidat du parti conservateur appelant ouvertement à l’exécution de Justin Trudeau. Ceci illustre une maladie politique profonde : une mentalité d’affrontement direct, de manque de respect et de déshumanisation de son adversaire.
Le nom « Canada » signifie « village », un rappel permanent que nous avons toujours valorisé une attitude de bon voisinage, d’acceptation des différences et de respect mutuel. Historiquement, même avec nos désaccords politiques, nous avons toujours considéré nos voisins comme des membres d'une communauté élargie. Cette tradition canadienne essentielle est aujourd'hui en péril.
Cependant, au milieu de cette crise, le Québec peut offrir une piste de réflexion précieuse. Malgré nos débats internes, notre culture, marquée par une histoire syndicale forte, une idéologie généralement progressiste et l’importance centrale de la langue française, continue d’encourager une cohésion culturelle remarquable. C’est précisément cette capacité à maintenir une unité fondamentale tout en accueillant des opinions diverses qui pourrait servir de modèle pour contrer la polarisation grandissante au reste du Canada.
La transformation inquiétante du paysage politique canadien en un système essentiellement bipartite, avec une rhétorique incendiaire utilisée pour mobiliser l’électorat , est dangereuse à long terme. Cette tendance menace directement la stabilité et l’unité de notre pays. Si nous ne prenons pas immédiatement conscience de cette dérive, les divisions deviendront irréparables.
Certaines personnes faisant partie des plus radicaux, envisagent la séparation du Canada en plusieurs petits pays comme une solution possible. Or, cette option n’est ni réaliste ni bénéfique à court terme. Face aux défis géopolitiques majeurs de notre époque, le Canada n’a jamais eu autant besoin d’unité nationale et de solidarité.
Enfin, l’avenir des peuples autochtones doit être au cœur de cette réflexion. Leur vulnérabilité face aux gouvernements provinciaux moins sensibles à leurs réalités et leurs droits fondamentaux accentue l'importance d'un gouvernement fédéral fort, engagé et inclusif. L’histoire récente nous a montré les conséquences tragiques lorsque le gouvernement fédéral échoue à assumer pleinement ses responsabilités envers les peuples autochtones. Plus précisément, je fais référence au précédent gouvernement conservateur de Winnipeg, qui avait déclaré qu'il n'était pas nécessaire de retrouver les corps des femmes autochtones assassinées.
Cette élection pourrait déterminer l’avenir du Canada. Il est urgent que nous nous engagions collectivement à restaurer notre esprit communautaire, à refuser fermement la rhétorique violente, et à préserver notre unité face à la division. Sinon, nous risquons de perdre ce qui fait véritablement l’essence de notre pays et de sombrer dans les pires aspects d'une polarisation à l'américaine.
Canada faces a profound crisis. Our country, traditionally known for moderation and its ability to maintain unity despite differences, now finds itself dangerously divided. This phenomenon, exacerbated by the 2022 convoy protests in Ottawa, has transformed our political climate into a concerning polarization, alarmingly reminiscent of the partisan culture in the United States.
This drift toward political intolerance becomes alarming when recent incidents come into focus. The scandal involving a Liberal candidate who publicly suggested a "bounty" from China on a Conservative opponent is compounded by an even more troubling escalation: this morning, April 1st, CTV aired a shocking recording of a Conservative openly calling for the execution of Justin Trudeau. These events are not isolated cases, but symptoms of a deep political sickness characterized by direct confrontation, disrespect, and the dehumanization of opponents.
The name "Canada" means "village," a constant reminder that we have always valued good neighbourliness, acceptance of differences, and mutual respect. Historically, despite our political disagreements, we have always considered our neighbours as part of an extended community. This essential Canadian tradition is now in jeopardy.
Amid this crisis, Quebec offers valuable insights. Despite internal debates, our culture, shaped by a strong union history, generally progressive ideology, and the central importance of the French language, continues to encourage remarkable cultural cohesion. It is precisely this ability to maintain fundamental unity while accommodating diverse opinions that could serve as a model to counter the growing polarization in the rest of Canada.
The alarming transformation of Canada's political landscape into essentially a two-party system, driven by incendiary rhetoric to mobilize voters, poses a long-term danger. This trend directly threatens the stability and unity of our nation. If we fail to immediately recognize and address this drift, divisions may become irreparable.
Some among the more radical groups see the division of Canada into several smaller countries as a possible solution. However, this option is neither realistic nor beneficial in the short term. Facing major geopolitical challenges today, Canada has never needed national unity and solidarity more.
Finally, the future of Indigenous peoples must be central to this reflection. Their vulnerability to provincial governments that are less sensitive to their realities and fundamental rights underscores the importance of a strong, committed, and inclusive federal government. Recent history has demonstrated tragic consequences when the federal government fails to fully meet its responsibilities toward Indigenous peoples.
This election could determine Canada's future. It is urgent that we collectively commit to restoring our community spirit, firmly reject violent rhetoric, and preserve our unity against division. Otherwise, we risk losing what truly constitutes the essence of our nation and descending into the worst aspects of American-style polarization.