Débat des chefs anglophones: Carney attaqué et médias fâchés/Debate of the Anglophone Leaders: Carney attacked, the Media In Shambles
Bien que le débat des chefs serve à entendre ces derniers sur leurs idées, j’ai l’impression que c'est plutôt la situation avec les médias dont on parle aujourd'hui.
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Photo taken by Jean Tremblay, POOL
Gabrielle Brassard-Lecours
D’emblée, le débat anglophone était un peu plus animé que celui en français. C’était prévisible, compte tenu l’anglais est la première langue de trois des quatre candidats. Yves-François Blanchet s’en est quand même tiré en anglais, mais il évident qu’il avait vraiment moins d’espace que pendant le débat du 16 avril.
Mark Carney était vraiment la cible de tous ses adversaires. Entre Jagmeet Singh, du Nouveau Parti Démocratique (NPD) qui a passé l’ensemble du débat à affirmer que le Premier ministre prenait, même avant son entrée en politique, des décisions qui ne bénéficient qu’aux plus riches, et Pierre Poilievre qui s’attaquait à Carney exactement de la même manière qu’il s’en prenait à Justin Trudeau, disons que le Premier ministre n’avait d’autres choix que d’être en mode défensif. Il est par contre resté assez posé et calme. Il s’est même permis une petite blague pendant la ronde de questions; après que tous ses opposants l'aient choisi pour l’interroger, venu à son tour, il a commencé par dire « peut-être devrais-je moi-même me poser. »
Singh interrompait souvent Carney, mais on peut le comprendre; il jouait sa carrière politique et se battait un peu avec l’énergie du désespoir.
Poilievre s’est attaqué principalement au bilan des Libéraux, menaçant qu’un autre terme libéral mènerait la population canadienne tout droit dans le mur.
Blanchet, bien qu’il parlait moins que pendant le débat francophone, faisait des interventions pertinentes et calmes.
On ne peut pas dire qu’un candidat se soit vraiment démarqué plus qu’un autre, mais comme les tirs étaient groupés sur Carney, il s’est bien défendu dans l’ensemble. Sa stratégie était certainement de démontrer qu’il avait l’étoffe d’un leader qui ne se laisse pas décontenancer par ses adversaires, reflétant sa posture face à Trump.
On a sinon abordé les questions de logements, de façon assez légère, celle des États-Unis, du crime et de l’environnement.
Le chaos médiatique
Mais ce qui a teinté les deux débats, et ce qui m’intéresse parce que c’est mon domaine de prédilection, c’est certainement l’enjeu autour de la présence des médias « alternatifs », principalement celle de Rebel News. Ce « média » est problématique depuis longtemps, à cause de sa manière d’exercer le « journalisme », et de plusieurs faits avérés
Une très simple et courte recherche sur un moteur de recherche permet de trouver les offenses de Rebel News, notamment sa tentative de faire annuler 3000$ d’amendes, imposées en 2021 après une enquête du bureau du commissaire sur des pancartes érigées par Rebel News pendant la campagne électorale fédérale de 2019, apparemment pour promouvoir un nouveau livre du fondateur de Rebel News, Ezra Levant. Les pancartes incitaient les gens à acheter le livre intitulé The Libranos : What the media won’t tell you about Justin Trudeau’s corruption.
Comment se fait-il que cette organisation, qui n’en est pas à ces premiers faits d’armes, ait été accrédité pour la couverture des débats, en plus d’être en surnombre par rapport aux autres médias? On a également découvert que non seulement cette entreprise se qualifie de média, mais est également officiellement inscrite comme tiers parti dans le cadre de ces élections fédérales. « Les tiers partis sont des groupes qui cherchent à influencer les élections, mais qui ne sont ni des partis ni des candidats. Ils sont tenus de s’inscrire pour diffuser des publicités », peut-on lire dans un article de La Presse.
Leur présence était déjà problématique en 2021. Comment se fait-il que la Commission des débats n’ait pas fait plus de recherches? L’argument de la crainte de poursuites me semble un peu léger, surtout avec des preuves aussi accablantes et publiques qui aurait certainement permit de gagner et de discrédité Rebel News dans un contexte électoral. Qui plus est, la Commission possède un budget substantiel de près de 2 millions de dollars; certainement de quoi assumer une poursuite juridique, surtout si c’est pour garantir la démocratie et la liberté de presse lors de moments aussi cruciaux que les débats électoraux.
Il est absolument inadmissible, d’une part, d’avoir laissé autant de place à Rebel News, et, d’autre part, d’avoir annulé les mêlées de presse le lendemain à cause de ce même organe de propagande et de désinformation; un autre fait avéré.
Il s’agit d’un dangereux précédent pour toute la presse. Au lieu de faire face à la musique et de confronter Rebel News en invitant ses représentants à quitter, par exemple, ce qui aurait été l’option la plus simple, on prive l’ensemble de tous les médias de poser des questions après le débat.
Rebel News a certainement eu ce qu’il voulait; qu’on lui porte attention. Mais au prix de la liberté de la presse, de la censure et de la provocation inutile. Et ça se prétend être un média…
« Food for thought », comme on dit en anglais, mais parions que la Commission des débats aura un important examen de conscience à faire. Car en plus de cette décision assez questionnable, soulevons aussi sa décision, le matin même du débat, de refuser la présence des Verts aux débats. Entrons-nous dans une ère trumpiste du côté des médias, où ces derniers seront mis à mal et ne pourront plus faire leur travail? Espérons que non, et que de sérieuses réflexions émaneront de ce « shit show» déplorable.
Isaac Peltz
We would have loved to provide you with more information, but today we did not have a question period with the leaders. Rebel News, a right wing propaganda group, was able to get 5 journalists into the debate commission. They took up the vast majority of the question period last night. Today, the same people started harassing one of the journalists from the Hill Times, and it turned into a conflict that stretched out across the entire evening. In the end, the tensions got so heated that the many, many Rebel news and Western Standard etc… groups started yelling and making a large fuss. It resulted in the commission saying they “Couldn’t provide a proper environment for the scrums.” It was essentially chaos, and an unprecedented moment in Federal election history– a reflection of this very tense and particular cultural moment that we collectively find ourselves in, where the far right is fighting by being as loud as humanly possible.
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To be frank with all of you, other than the discussion around crime last night, I didn’t personally feel that there was very much interesting that they talked about. It was the same questions that were fielded in both debates, which is a rare occasion. That the questions were the same is essentially why Carney seems to be ahead in the polls in Quebec. Rarely are the questions the same in both Canada and Quebec, and the reality that the country is so razor focused on the same issues is why there’s such a high chance Carney might walk away with the victory.
There was no knockout blow in either debate though, and if Poilievre was trying to get ahead and take back some ground from Carney, I fear that he may have done the exact strategy that I would have recommended against. In French Poilievre was pleasant, even polite. He made jokes and everyone laughed– he showed his talent as a chameleon. In French he was only on the attack. He was fully angry Poilievre, the man that we’ve gotten to know over the years. It seems that it’s the true Poilievre. He’s positioned himself, this week and last, as another Trump. He was advised by quite literally everyone, including the best conservative campaigners in the country, to do the opposite, but instead he’s truly invested in being like Trump. His threats to deport people, his anti Palestine stance, his open statements that he’s going to ignore the charter of rights and freedoms… the man has doubled down on being like trump. My theory is simple: His manager felt that he wouldn’t be able to peel voters off of the center or the left. Instead, they’re trying to rally the most fringe of voters from the far right. That seems to be the only option for them, although I think Poilievre is chameleonic enough that he could have easily swung to be an open debater and a solid moderate. Although if you’ve read my bio on Poilievre, I don’t know if he can keep up the “moderate” act for long.
The four leaders discussed crime tonight. Most of it was not rooted in fact. Blanchet didn’t even discuss the subject, and instead discussed immigration, and how there is no order around the introduction of immigrants to Quebec specifically. Carney wants to block protestors from blocking off certain routes, specifically around places of worship. Poilievre wants to ignore the Charter of Rights and Freedoms in order to, as he says, protect the Charter of Rights and freedoms. He seems relatively convinced that we live in complete anarchy in Canada. Singh believes that crime needs to be stopped before it happens by increasing social services, and blocking drugs and guns from the border.
Overall, the leaders attacked Carney, and Carney didn’t react. He stood there, rebutted their arguments but always treated people with dignity. His strategy is clearly to make himself look like a leader– a vibe session that might win him the election. Meanwhile Singh was far too aggressive, and looked somewhat desperate. In the end, this is probably his final debate. He did an admiral job, and won some big policy wins for Canadians. Blanchet did a great job in french, but his English was much weaker.
Some of the best one liners from the debates that made me laugh:
Singh to Blanchet and the Bloc “Unfortunately, in the last minority government you showed that you were as useless as the monarchy is,”
Poilievre said there is no license for the status quo. Blanchet responded “That is the most empty sentence I've ever heard.”
Poilievre said a cute little line when talking about food and drink that the leaders no longer purchased from the states– “This is a delicious conversation.” It was a moment of comradery between leaders and everyone smiled and laughed.
Carney absolutely bodied Poilievre when he said “"It may be difficult, Mr. Poilievre, you spent years running against Justin Trudeau and the carbon tax — they're both gone,"